TocCyclopédie ■ Époques

Le docteur Henry Frankenstein fait des recherches afin de créer un être humain vivant à partir de morceaux de cadavres. Malgré la désapprobation de son entourage, il parvient ainsi à créer un être monstrueux...



Dès le tournage de Dracula (1931) de Tod Browning, la compagnie Universal envisage d'adapter d'autres romans fantastiques du XIXème siècle. On pense à Frankenstein ou le Prométhée moderne, un roman de Mary Shelley , qui avait déjà été l'objet d'adaptations cinématographiques auparavant (notamment une de 1910. Robert Florey (Double assassinat dans la rue Morgue (1932)...) se propose de le réaliser : il fait tourner des bouts d'essai avec Bela Lugosi (Dracula...) dans le rôle du monstre. Mais celui-ci dit ne pas supporter le lourd maquillage conçu par Jack Pierce, et il n'est pas enchanté à l'idée de jouer un monstre muet. Lugosi aurait, par contre, aimé interpréter le savant. James Whale, dont le succès de Waterloo bridge (1931) avait fait un des réalisateurs les plus côtés de la Universal, jette son dévolu sur ce sujet fantastique et dépossède Florey de son projet. Le monstre sera finalement interprété par Boris Karloff, un comédien britannique, repéré par James Whale à la cantine des studios Universal. Il avait fait beaucoup de seconds rôles à Hollywood dans les années 20 ; grâce, entre autres, à Frankenstein, il deviendra la plus grande star du cinéma d'épouvante du vingtième siècle. Suite au beau succès de Dracula, ce film bénéficia d'un budget confortable : ce sera un triomphe qui rapportera 12 millions de dollars pour 291.000 dollars d'investissement ! Le cinéma d'épouvante hollywoodien était lancé pour une décennie triomphale ! Universal en produira six suites : La fiancée de Frankenstein (1935), à nouveau de James Whale ; Le fils de Frankenstein (1939) de Rowland V. Lee ; Le spectre de Frankenstein (1942) de Erle C. Kenton ; Frankenstein rencontre le loup-garou (1943) de Roy William Neill ; La maison de Frankenstein (1944) et La maison de Dracula (1945) de Erle C. Kenton ; en plus, il y aura la parodie Deux nigauds contre Frankenstein (1948) de Charles T. Barton. Comme le reste des films fantastiques Universal, la qualité de cette série connaîtra un net fléchissement à la fin des années 30 à cause d'un manque de renouvellement des thèmes et aussi d'un changement d'équipe à la tête de la compagniel suite au départ forcé de son fondateur Carl Laemmle.

Le réalisateur James Whale

Étant donné son rôle important dans l'histoire du cinéma fantastique, il paraît important de revenir rapidement sur la vie du réalisateur James Whale. Né en Grande-Bretagne, il est fait prisonnier pendant la première guerre mondiale : pendant sa captivité, il se passionne pour l'art dramatique. Au cours des années 20, il fait son chemin des théâtres de Londres jusqu'à ceux de Broadway, et finit par arriver à Hollywood où il réalise Journey's end (1930) et Waterloo bridge (1931), deux films de guerre qui sont de grands succès. Avec Frankenstein, son troisième film, il lance sa carrière de réalisateur de films d'horreur, genre auquel il offrira quelques un de ses plus beaux chef-d'oeuvres : L'homme invisible (1933), Une soirée étrange (1932) et La fiancée de Frankenstein. Il travaillera aussi dans d'autres genres, comme le film historique (L'homme au masque de fer (1939)...), l'aventure (L'enfer vert (1940)...), la comédie musicale (Show boat (1936)...)... Il réalisera même Fanny (1938), une adaptation hollywoodienne de la trilogie marseillaise de Marcel Pagnol (Marius (1931) de Alexandre Korda et Marcel Pagnol ; Fanny (1932) de de Marc Allégret ; César (1936) de Marcel Pagnol) ! Mais, comme Tod Browning, James Whale va s'éloigner des plateaux au cours des années 1940. On le retrouvera noyé dans sa piscine en 1957. Il sera révélé bien plus tard qu'il s'agissait d'un suicide.



Le maquilleur Jack Pierce

Un autre personnage de légende va collaborer au succès de Frankenstein : Jack Pierce. Né en Grèce, il commence sa carrière à Hollywood comme cascadeur, ce qui va le pousser à s'intéresser au monde des trucages. Pour le réalisateur Paul Leni (Le cabinet des figures de cire (1923)...), il réalise le maquillage grimaçant du comédien Conrad Veidt (Le cabinet du docteur Caligari (1920)...) dans L'homme qui rit, une adaptation à gros budget du roman homonyme de Victor Hugo pour la firme Universal. Il devient alors le "monsieur maquillage" de cette compagnie et va concevoir l'apparence et la réalisation des maquillages de ses grands monstres classiques : Dracula, Frankenstein, La fiancée de Frankenstein, La momie (1932), et Le loup-garou (1942) n'auraient pas les visages que nous connaissons aujourd'hui sans son génie graphique et son astuce technique. Avec Willis O'Brien ( le "papa" du King Kong (1933) de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack) et John P. Fulton (responsable, entre autres, des trucages de L'homme invisible), il est un des fondateurs des effets spéciaux dans le cinéma fantastique américain, bien que sa carrière s'éloigna de ce genre à la fin des années 40.



Boris Karloff, star de l'horreur

Frankenstein a aussi révélé un autre immense talent : le comédien Boris Karloff. Britannique, il émigre au Canada et s'intéresse au théâtre. Pendant dix ans, il va accumuler les second rôles dans le cinéma américain. Mais, en 1931, le vent tourne : on le choisit pour interpréter le monstre de Frankenstein. Ce rôle est à priori ingrat : intégralement muet, il exige des heures de maquillage quotidiennes, cache les traits du comédien et l'oblige à porter un lourd harnachement pour modifier sa silhouette et sa démarche. Les studios ont une idée publicitaire amusante : pour rendre ses apparitions encore plus mystérieuses aux yeux du public, le nom de Karloff est remplacé au générique par un "?" lourd de sous-entendus angoissants ! Le succès de Frankenstein en fait une star du fantastique qui va multiplier les apparitions géniales au cours de cet âge d'or du cinéma fantastique : il crée le rôle de La momie, chipe à Warner Oland (The return of Dr. Fu Manchu (1929)...) le personnage de Fu Manchu dans Le masque d'or (1932), affronte Bela Lugosi dans La chat noir (1934) de Edgar G. Ulmer et Le corbeau, joue le zombi dans Le mort qui marche (1936) de Michael Curtiz ou un bourreau dans La tour de Londres (1939) de Rowland V. Lee...

Dans les années 40, alors que Universal montre des signes d'essouflement, il ira judicieusement participer aux excellentes productions horrifiques de Val Lewton pour la RKO (Le récupérateur de cadavres (1945) du débutant Robert Wise (La maison du diable (1963)...)...). Il n'a pas seulement fréquenté le gratin des réalisateurs spécialisés dans le fantastique : on le retrouve aussi dans des films de Howard Hawks (comme Code criminel (1931) et le mythique Scarface (1932)...) ou de John Ford (La patrouille perdue (1934)...). Mais son rôle le plus marquant restera celui du monstre de Frankenstein qu'il jouera trois fois (Frankenstein, La fiancée de Frankenstein et Le fils de Frankenstein). A la fin des années 40, sa carrière commence à décliner et il se consacre notamment à la télévision ; en 1949, comme toutes les gloires de l'épouvante Universal, il apparaît dans les parodies des comiques Abott et Costello (Deux nigauds chez les tueurs (1949) par exemple, dont le titre anglais Abbott and Costello Meet the Killer, Boris Karloff montre la très grande popularité dont jouissait encore cet acteur).

Pourtant, et contrairement à Bela Lugosi et James Whale, il vécut assez longtemps pour assister au renouveau de l'épouvante déclenché par le succès des productions britanniques Hammer à partir de Frankenstein s'est échappé ! (1957) de Terence Fisher, dans lequel Christopher Lee reprenait le rôle du monstre. Karloff interprète alors le rôle du docteur Frankenstein dans Frankenstein 70 (1958) de l'américain Howard W. Koch. Une nouvelle carrière commence, et on le rencontre dans Les trois visages de le peur (1963) de l'italien Mario Bava, Le corbeau (1963) de Roger Corman... A la fin de sa vie, il apparaîtra d'ailleurs dans deux films inspirés par les écrits de Lovecraft (Die ! Monster, die ! (1965) de Daniel Haller d'après La couleur tombée du ciel ; La maison ensorcelée (1968) avec Christopher Lee et Barbara Steele, d'après La maison de la sorcière). Il meurt en Grande-Bretagne en 1969.



Frankenstein ou le Prométhée moderne, un roman de Mary Shelley

Le roman Frankenstein ou le Prométhée moderne a été écrit en 1818 par Mary Shelley, l'épouse du grand poète britannique Percy Shelley. La légende veut qu'elle ait commencé à improviser cette histoire au cours d'une nuit d'orage de 1816, en Suisse, pour divertir Shelley et Byron (cette scène sera malicieusement reconstituée en prologue de La fiancée de Frankenstein). Cette oeuvre-phare de la littérature gothique a le mérite de se situer à la croisée de nombreux genres. On a d'abord la mythologie : le titre fait référence à Prométhée, personnage de légende grecque qui vola le feu des Dieux pour pouvoir créer la vie ; pour le punir, il fût condamné à avoir son foie dévoré par un aigle pendant toute l'éternité. Ce roman est aussi une date dans l'histoire de la science-fiction : en effet, Frankenstein a recours aux avancées de la science pour créer son monstre. Mary Shelley était alors très en avance sur son époque, puisque Jules Verne et H.G. Wells, les grands pionniers de cette littérature, n'écrivirent leurs oeuvres majeures qu'à partir de la seconde moitié du XIXème siècle. Évidemment, ce livre est aussi une date incontournable des débuts de la littérature fantastique et gothique, dans la tradition des romans noirs (comme Les mystères d'Udolpho (1794) d'Ann Radcliff...) et des Contes fantastiques que rédigeait Ernst Theodor Amadeus Hoffman vers 1820. Frankenstein ou le Prométhée moderne est encore un beau conte philosophique sur l'arrogante vanité de l'homme et sur son fond de bonté naturelle (le monstre révèlera un comportement très "bon sauvage" au début de son escapade).

Toutefois, les scénaristes du film ont préféré se référer à une version simplifiée de ce roman, c'est à dire à l'adaptation théâtrale rédigée en 1927, en Grande-Bretagne, par Peggy Webling. Au final, il y a assez peu de points communs entre le roman de Mary Shelley et le film de Whale. Pourtant, l'idée de départ est respectée : un savant orgueilleux crée un être vivant ; mais celui-ci s'avère être une créature difforme et s'échappe du laboratoire de son "géniteur".



Décor et ambiance

Frankenstein propose des décors encore plus vastes et variés que ceux de Dracula. Alors que ces derniers, avec leur château et ses cryptes, s'inscrivaient dans une tradition purement gothique, Frankenstein va en plus s'inspirer des décors du cinéma fantastique allemand des années 20 : les rues du village, étroites et tortueuses, rappellent Le golem (1920) de Carl Boese et Paul Wegener, ainsi que Le cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene. Le laboratoire, avec ses grands espaces, son architecture biscornue et son appareillage électrique insolite, évoque aussi bien Le cabinet du docteur Caligari que Metropolis (1927), le chef d'oeuvre de Fritz Lang. Pourtant, d'autres éléments (le cimetière en ruine, le superbe moulin...) s'inscrivent dans une tradition gothique indéniable : on peut donc voir en Frankenstein l'accomplissement d'une synthèse entre l'ambiance des films fantastiques américains classiques (Le fantôme de l'opéra (1925), Dracula...) et l'atmosphère futuriste et bizarre de l'expressionisme allemand. Ce mélange très réussi sera la clé de nombreuses grandes réussites du cinéma fantastique hollywoodien (La momie, Double assassinat dans la rue Morgue, Le chat noir...). On note, encore une fois, le goût des productions Universal pour les reconstitutions "exotiques" : on a ici le droit à un petit village "Mitteleuropa", dans lequel des aristocrates pittoresques discutent avec le Burgermeister tandis que les villageois en culotte de peau dansent de bon cœur sur des airs tyroliens !



Le Docteur Frankenstein et ses confrères les savants fous

Le docteur Henry Frankenstein, de son côté, s'inscrit dans une grande tradition du cinéma d'épouvante : le savant (plus ou moins) fou. Le savant était déjà une vedette récurrente de la littérature fantastique. Annoncé par Frankenstein ou le Prométhée moderne, il connaîtra une belle fortune chez les pionniers de la science-fiction. Ainsi Jules Verne nous fait rencontrer le capitaine Nemo et son Nautilus dans Vingt mille lieues sous les mers et L'île mystérieuse, ou le redoutable Schultze dans Les 500 millions de la Bégum. H.G. Wells, pour sa part, nous fait faire la connaissance de L'homme invisible (un savant a expérimenté sur lui-même un sérum qui le rend invisible) et nous fait visiter L'île du docteur Moreau (le docteur Moreau crée des mutants mi-homme mi-bête sur son île). Lovecraft lui-même ne négligera pas ce genre de personnage (De l'au-delà, Air froid...) : Herbert West, réanimateur n'est-il d'ailleurs pas un cousin éloigné du professeur Frankenstein ?

Dans le cinéma, ces génies irresponsables auront très tôt une place de choix : sympathiques chercheurs farfelus dans les oeuvres magiques de Méliès influencées par Jules Verne (Le voyage dans la lune (1902)...), ils deviendront beaucoup plus inquiétants lorsqu'ils mettront leur science surhumaine au service du mal dans le cinéma expressionniste allemand (Le cabinet du docteur Caligari...). Les maîtres à penser du docteur Frankenstein de James Whale seront surtout le rabbin Loew, créateur de Le golem de Paul Wegener et Carl Boese, et Rotwang, le génial créateur de la version robotisée de la jeune Marie dans Metropolis. A partir de 1931 et du succès de ce Frankenstein, les savants fous vont se bousculer dans le cinéma fantastique américain : Docteur X (1932) de Michael Curtiz avec Lionel Atwill, Double assassinat dans la rue Morgue avec Bela Lugosi, L'île du docteur Moreau (1932) de Erle C. Kenton avec Charles Laughton, L'homme invisible avec Claude Rains, Les mains d'Orlac (1935) de Karl Freund avec Peter Lorre (variante intéressante : le savant devient fou d'amour), Docteur Cyclops (1940) de Ernest Schoedsack avec Albert Dekker... Et je ne vous cite que les plus célèbres ! La science-fiction des années 50 ne sera pas avare non plus de cette engeance : on en rencontre de beaux spécimens dans La planète interdite (1956) de Fred McLeod Wilcox ou dans Tarantula (1955) de Jack Arnold. Mais, dans des films comme Le jour où la Terre s'arrêta (1951) de Robert Wise ou La planète des singes (1968) de Franklin Schaffner, c'est l'humanité dans son ensemble qui est désignée comme un dangereux apprenti-sorcier (on était alors à l'âge de l'atôme et de la guerre froide). Le succès du Frankenstein s'est échappé ! de la Hammer allait, à la fin des années 50, encore relancer pour quelques temps le schéma du savant fou à divers degré : on rencontre alors le chirurgien morbide de Les yeux sans visage (1959) de Georges Franju, L'horrible docteur Orloff (1962) de l'espagnol Jesus Franco, L'effroyable secret du docteur Hichcock (1962) de l'italien Riccardo Freda... Pour des exemples relativement récents, on peut signaler Retour vers le futur (1985) de Robert Zemeckis, Re-animator (1985) et From beyond (1987) de Stuart Gordon, Le jour des morts-vivants (1985) de George Romero, et même L'aube du sixième jour (2000) avec Arnold Schwarzenegger affrontant un génie de la génétique !

Ici, Frankenstein, impeccablement interprété par Colin Clive (Les mains d'Orlac, La fiancée de Frankenstein...) est un individu tiraillé et instable : au début du film, on le trouve exubérant, orgueilleux, convaincu que la portée de ces travaux le place d'égal à égal avec Dieu ; mais, une fois confronté à sa créature horrible, il sera rongé par les remords et reniera ses recherches impies. Abattu par les regrets, 'il faudra toute la force de persuasion de l'infect docteur Pretorius pour le remettre au travail dans La fiancée de Frankenstein. La prise de conscience de l'horreur de ses travaux par Frankenstein est assez fidèle au roman de Mary Shelley, et est en complète opposition avec l'incorrigible professeur Frankenstein campé par Peter Cushing dans les productions Hammer (Frankenstein s'est échappé !...), toujours convaincu que ses expériences sont, certes, un peu discutables, mais néanmoins vitales pour le progrès de la science et de l'humanité.



De la terreur à l'émotion : le monstre de Frankenstein

La star du film, contrairement à ce que pourrait laisser croire son titre, n'est pas le docteur Frankenstein : c'est sa créature. On ne peut guère l'appeler autrement, car elle sera toujours considérée comme un ignoble cobaye, une chose sans nom à laquelle on niera le droit à une identité. Ainsi, à sa "naissance", le professeur hurlera sa très célèbre réplique : "IT's alive !" ("C'est vivant"), ne lui accordant même pas l'appartenance à l'espèce des hommes. Bricolé avec des morceaux de cadavres de provenance diverses, cousu de gros fil, couvert de cicatrices, deux électrodes vissés dans le cou, affligé de pieds énormes et de bras trop longs, ce monstre est une incroyable réussite à mettre au crédit de Jack Pierce. La première séquence dans laquelle il apparaît est inoubliable : lorsque le professeur Frankenstein ouvre une fenêtre, le monstre découvre pour la première fois les rayons du soleil et tente, émerveillé, de les saisir dans ses mains avec des gestes maladroits et délicats comme ceux d'un enfant. Le génie de Karloff, tout en maîtrise et en sensibilité, apparaît dès cette séquence splendide qui le fait rentrer sans effort dans le panthéon des plus grands comédiens du vingtième siècle. Parvenant à donner une humanité bouleversante à cette créature fantastique, il explore le domaine des monstres innocents et pathétiques du cinéma, et installecette créature aux côtés du Quasimodo de Notre-Dame de Paris (1923) avec Lon Chaney, ou d'Elephant man (1980) de David Lynch... C'est en effet son innocence qui caractérise cette créature : elle ne tuera jamais par méchanceté. Si elle assassine Fritz le bossu, c'est que celui-ci s'amusait à la tourmenter cruellement. La scène célèbre (mais pas toujours présente sur toutes les copies du film) au cours de laquelle le monstre lance une fillette dans un lac, en croyant naïvement qu'elle va flotter comme une fleur à la surface de l'eau, est bouleversante par son aspect profondément tragique et par, encore une fois, l'interprétation sidérante de Karloff.



Pour conclure...

Enfin, il ne faut pas oublier de rendre hommage à la réalisation novatrice et très maîtrisée de James Whale qui, grâce, entre autres, à des mouvements de caméra inventifs et élégants, multiplie les scènes d'anthologie : ainsi, en plus des scènes pré-cités, on pense à la création du monstre dans le laboratoire pendant une nuit d'orage, à l'inoubliable arrivée de l'homme portant le corps de sa fillette noyée à travers le village en fête, aux extraordinaires poursuites dans la forêt, et surtout au final grandiose dans le moulin.

On a trop tendance à penser, par paresse intellectuelle, que le succès d'un film n'est attribuable qu'à son seul réalisateur, comme le succès d'un livre n'est que le résultat du labeur de son écrivain. Mais c'est une grave erreur. Le succès artistique de Frankenstein est bien due à la rencontre de talents qui, ensemble, se sont combinés pour nous offrir ce miracle du cinéma. C'est le travail conjoint de James Whale, de Boris Karloff, de Jack Pierce, mais aussi de nombreux décorateurs et costumiers de la Universal, qui font toute la valeur de cette oeuvre. Par chance, ces génies se retrouveront une seconde fois en 1935 pour nous offrir un autre chef-d'oeuvre impérissable du cinéma fantastique : La fiancée de Frankenstein.

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M.Shelley vs J.Whale
■ Azathoth 10/06/2004
Première adaptation du célèbre roman de Mary Shelley, ce film se démarque du roman sous plusieurs aspects. D'abord, le film se base plus sur l'ambiance créée et sur les décors pour nous plonger dans l'épouvante et la terreur. Là où le roman, sous-titré "le prométhée moderne" s'interessait plus au docteur Frankenstein le film se focalise plus sur la créature, la perception qu'elle a du monde et la perception que le monde a d'elle reprenant en cela une partie du roman correspondant à l'"enfance" de celle-çi. Le coté "savant fou voulant égaler Dieu" est quelque peu abordé dans le film mais d'une certaine façon moins prononcé que dans le roman. Celui-çi traitant essentiellement du docteur Frankenstein, de son sentiment de culpabilité envers Dieu, l'humanité et lui-même sont d'une certaine façon la trame centrale du roman ainsi que le passage par tout les stades de l'apprentissage de la part de la créature (enfance, adolescence, âge adulte, jusqu'au meurtre du père) Dans l'ensemble le film de Whale pouvant difficilement recréer ces tourments, la lutte père-fils et homme-Dieu a choisi de se concentrer sur l'ambiance et les décors faisant en celà un véritable film d'épouvante. La réalisation, le jeu des acteurs et les décors sont sublimes laissant longtemps à l'esprit après la projection du film des images marquantes. La suite du roman sera, elle, abordée quelques années plus tard dans la suite: " La fiancée de Frankenstein 3 tout aussi magistral.
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